Croqueurs de feux

Toutefois, il ne s’agit pas là de planter son chevalet et saisir, d’un pinceau habile, les mille nuances d’un incendie.

Ce n’est pas un oeil d’artiste mais un oeil de technicien qui doit saisir en quelques minutes la complexité des lieux de l’intervention et leurs vulnérabilités au feu.

Après un tour du feu méthodique et rapide, le dessinateur doit fournir au Commandant des opérations de secours et à l’État-major, un premier croquis en 3D, représentant le sinistre en vue aérienne, ses abords menacés, les axes de propagation du feu et toutes les informations graphiques utiles aux opérations de lutte.

Cette discipline a été créée et assurée par René Dosne, dessinateur. Elle a vu le jour au milieu des années soixante au Régiment de sapeurs-pompiers de Paris. Pendant 47 années, l’auteur a ainsi croqué par centaines les plus grands sinistres de Paris et d’ailleurs...

Aujourd’hui, une équipe de dessinateurs opérationnels formée par René Dosne assure une garde 24/24. Ils sont prêts à « décaler » sur toutes les opérations importantes ou complexes survenant dans Paris et sa petite couronne ( 92, 93, 94 ).

Cette mission de renseignement, qui s’inscrit parmi les outils d’aide à la décision du Commandant des opérations de secours, n’a pas d’équivalent au monde, sauf semble-t-il au Japon où un dessinateur, aidé par un architecte, serait engagé pour dresser un croquis des lieux.

Certains Corps de sapeurs-pompiers français et étrangers, à l’activité opérationnelle significative, songent aujourd’hui à former des dessinateurs.

Cet ouvrage, très illustré par de nombreux croquis de terrain, permettra aux lecteurs de comprendre les techniques employées pour produire rapidement des croquis exploitables sur le lieu du sinistre et ainsi de les appliquer. L’auteur retrace également l’histoire cocasse de cette spécialité un peu décalée, à l’heure du multimédia et de la transmission d’images.